Sélectionneur et engraisseur en race lim Sélectionneur et engraisseur en race limousine
Jean-Pierre Bonnet et Sylvain Boyer élèvent cent mères limousines inscrites et engraissent huit cents taurillons et génisses par an.
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«La génétique limousine, nous l’avons dans le sang depuis quatre générations », sourit Jean-Pierre Bonnet, qui sélectionne un troupeau de 100 mères limousines à Château-Chervix, en Haute-Vienne, au cœur du berceau de la race. L’éleveur est en Gaec depuis 2014 avec son neveu, Sylvain Boyer, après s’être installé en 1986 avec sa mère, Geneviève. L’exploitation comptait alors 60 ha, 40 vaches, 50 brebis et un moulin utilisé par son père. Avant eux, les grands-parents de Jean-Pierre occupaient le domaine depuis 1958.
Un travail familial assidu sur la sélection a porté ses fruits au fil des années. Plusieurs taureaux d’insémination, Patou, Doublon, Epson… sont nés à la ferme. Des veaux sont régulièrement vendus à la station de qualification de Lanaud. Un premier prix est remporté au Salon international de l’agriculture à Paris en 1980 et 1981. Un prix de championnat et son rappel complètent ce palmarès parisien en 1995 et 1996. Un taureau, une vache ainsi qu’une génisse ont concouru les 20 et 21 septembre derniers au concours national limousin à Périgueux, en Dordogne.
Troupeau-mère
« La sélection permet d’entretenir des relations entre éleveurs, de fréquenter d’autres régions et d’autres pays, poursuit Jean-Pierre. C’est un exercice passionnant, qui n’est jamais terminé. À l’étranger, la limousine est surnommée “la race de la carcasse”. De fait, nous avons bien travaillé la conformation sans négliger les qualités d’élevage. Nous avons encore à faire sur la finesse d’os et la croissance. Nous avons introduit le gène sans cornes depuis dix ans car cette évolution semble incontournable. » Les vaches vêlent en septembre-octobre à l’extérieur pour 60 % d’entre elles. Le reste du troupeau met bas en stabulation de décembre à mars. Une dizaine de veaux mâles est vendue en reproducteurs. Les autres sont engraissés pour produire des carcasses de 400 kg. Les femelles sont vendues en reproductrices, gardées pour le renouvellement ou engraissées en génisses de Saint-Étienne (220 à 320 kg de carcasse de dix à quatorze mois) ou génisses de Lyon (320 à 380 kg de carcasse de vingt à vingt-quatre mois).
Engraissement
« J’ai mis en place un premier atelier d’engraissement de 100 places en 1992 dans le but de développer mon activité sans augmenter le nombre de vaches, explique Jean-Pierre, alors seul sur l’exploitation. La conjoncture était porteuse, elle l’est moins aujourd’hui. L’engraissement se raisonne par périodes de cinq ans avec deux années profitables, deux autres à l’équilibre et une déficitaire. Depuis quatre ans, nous sommes juste à l’équilibre ou déficitaires, les prix de la viande baissant régulièrement. Il nous faudrait un minimum de 4,20 €/kg de carcasse pour les taurillons, 5 €/kg pour les génisses et 5,40 €/kg pour les vaches de réforme sous label rouge. Alors qu’en 2019, ces prix respectifs au kilo de carcasse n’excèdent pas 3,80 €, 4,50 € et 4,40 €. Cette conjoncture économique n’est pas gratifiante pour le travail entrepris. »
Label rouge
En 2009, l’éleveur a construit 160 places d’engraissement supplémentaires, et 120 autres en 2018. Les animaux destinés à être engraissés sont fournis par la coopérative GLBV-LEC (1) de Saint-Just-le-Martel, en Haute-Vienne, sans avance de trésorerie. Ils sont soit « repoussés » au terme d’une préparation alimentaire et sanitaire, soit engraissés. Les mâles sont finis en taurillons destinés à l’exportation, et les femelles en génisses sous label rouge prestige pour le marché français. La ration mélangée type pour un mâle de 550 kg vifs est composée de 6 kg d’ensilage de maïs, 5 kg d’ensilage de méteil, 3 kg de maïs épis, 1 kg de céréales à paille et 1 kg de correcteur non OGM.
« La limousine a beaucoup à faire valoir malgré une conjoncture difficile. Si nous n’y croyions pas, nous ne serions plus là, souligne Jean-Pierre, qui préside sa coopérative et le label rouge blason prestige dans le Limousin. Ma génération a connu des crises sanitaires avec l’ESB, la fièvre aphteuse et la FCO. Se battre collectivement décuple les forces et les chances de s’en sortir. »
Monique Roque Marmeys
Groupement Limousin Bétail et Viande - Les Éleveurs corréziens.
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